L’initiation chamanique : un voyage vers l’invisible, une rencontre avec soi, une traversée des profondeurs de l’âme et du sacré…
- Emeline DELPUECH
- 12 juin
- 3 min de lecture

Dans les peuples premiers, quel que soit leur tribu, le chaman ou plutôt l’Homme ou la Femme médecine chez les Nord Amérindiens porte de lourdes responsabilités. Souvent solitaire, son parcours est exigeant, parfois même sacrificiel, car il se consacre entièrement au bien-être de son village, des autres et du vivant, tout en restant en communion avec l’invisible .
Que l’on soit natif d’une tribu ou occidental, le chemin chamanique est un parcours long et exigeant, pouvant s’étendre jusqu’à 28 ans. Il ne sera ni moins ardu ni moins semé d’embûches, quelle que soit son origine .
Dans les sociétés traditionnelles, l’initiation commence dès l’enfance, vers l’âge de 6 ans, lorsqu’un enfant montre des prédispositions. Dès lors, il est guidé et accompagné par l’Homme ou la Femme médecine du village, dans un apprentissage profond et progressif .
Pour nous, Occidentaux, ce chemin peut aussi commencer dès l’enfance. Cependant, n’étant pas ancré dans notre culture, il peut être solitaire et difficile à parcourir .
Dans les sociétés traditionnelles, l’initiation est transmise dès la naissance. Le futur initié, souvent guidé par un ainés ou un mentor du village, grandit dans une culture profondément connectée à la spiritualité et au vivant. Il développe ainsi une conscience où être pleinement soi devient une contribution essentielle au cycle de la vie.
Une philosophie fondée sur un principe clé :
"Je suis invité sur terre, Je suis invité dans la vie de l’autre, et l'autre est invité dans ma vie"
Bien que ces tribus soient souvent défavorisées et encore marquées par le poids de la colonisation, elles parviennent à préserver, autant que possible, une existence simple, authentique et empreinte d’humilité .
En Occident, nous vivons à l’opposé de cette vision du monde, éloignés de la connexion au vivant, du sacré et du respect profond de chacun. S’engager dans une initiation chamanique est bien plus qu’une découverte : c’est un choc culturel et spirituel, mais aussi une rencontre profonde avec l’humanité, le sacré et la beauté qui nous entourent .
Malgré les différences culturelles, le chemin vers l’état d’homme ou femme médecine repose sur une transformation intérieure incontournable : ce que l’on appelle la « mort du chaman ». Un passage nécessaire pour abandonner l’ancien et renaître pleinement à soi-même .
Le chemin chamanique impose une transformation profonde, jalonnée de quatre étapes inévitables, chacune s’étendant sur sept ans. Ces phases ne suivent aucun ordre précis, mais s’entrelacent dans un processus exigeant :
· La mort du personnage : abandonner l’identité façonnée par le conditionnement et les attentes.
· La mort des illusions : dissiper les croyances et représentations erronées.
· La mort de l’attachement : lâcher prise sur les dépendances et les liens qui entravent la liberté intérieure.
· La mort du pouvoir : transcender l’ego et renoncer à toute forme de contrôle.
C’est pourquoi il est illusoire de penser que quelques jours d’initiation, un voyage au tambour ou la réception d’un message spirituel suffisent à se proclamer chaman .
Ce titre n’est pas une revendication personnelle, mais une reconnaissance qui se mérite au fil des années, au terme d’un véritable engagement et d’une métamorphose intérieure .
Dans la tradition, seul le mentor, celui qui initie, peut éventuellement reconnaître qu’un individu est devenu chaman. Ce titre n’est jamais une auto-proclamation, mais une validation qui s’acquiert au terme d’un long parcours .
Pour nous, Occidentaux, emprunter cette voie implique une véritable confrontation avec soi-même. Il faut affronter ses peurs, briser l’ego, plonger dans ses zones d’ombre et déconstruire chaque certitude. Une étape nécessaire pour dissoudre toute forme de pouvoir, atteindre la neutralité et apprendre à recevoir les messages du subtil sans que le mental ou l’ego n’interfèrent .
Le pouvoir spirituel est une force immense, capable d’élever ou de détruire. Chacun demeure libre de choisir entre l’ombre et la lumière, mais cette responsabilité ne doit jamais être prise à la légère. Car avant tout, le chamanisme est une voie d’expérimentation, d’apprentissage et de transformation .
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude envers les peuples premiers, qui nous guident vers notre essence véritable pour le bien-être de tous. Quelle richesse que de pouvoir recevoir leur culture, leur vision du monde, leur savoir être, leur savoir-faire et leur savoir-vivre ! Une transmission précieuse qui mérite respect et humilité !
Respectons ce que les peuples premiers nous transmettent, sans tomber dans la quête de sensations fortes ni dans l’appropriation irréfléchie de leurs traditions. Choisir la voie chamanique, celle du cœur, exige bien plus qu’un tambour, une belle voix ou un week-end autour d’un feu : c’est un engagement profond, qui requiert courage, endurance et une transformation intérieure authentique .
Qu’y a-t-il de plus beau que de se découvrir, de se réconcilier avec soi-même et d’apprendre à s’aimer pleinement ? Car c’est dans cette ouverture que nous pouvons véritablement offrir notre contribution au monde .
Emeline Delpuech
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