Le tambour chamanique :Entre tradition sacrée et usage moderne
- Emeline DELPUECH
- 5 juil.
- 4 min de lecture
Le tambour chamanique est bien plus qu’un simple instrument de relaxation. Dans les traditions chamaniques, il est considéré comme un outil sacré de connexion entre les mondes : celui du visible et de l’invisible.
Origine et rôle traditionnel
Le tambour est utilisé par les chamanes pour entrer en transe, voyager dans les mondes spirituels, et communiquer avec les esprits. Il accompagne les rituels de guérison, les cérémonies de passage, et les invocations de forces naturelles. Chaque tambour est fabriqué avec intention.
Usage contemporain : relaxation et ateliers
Aujourd’hui, on le retrouve dans des ateliers de bien-être, de méditation sonore, ou de développement personnel.
Le rythme répétitif du tambour peut induire un état modifié de conscience, proche de la transe légère, qui favorise la détente et l’introspection.
Cela peut être bénéfique, mais détaché de son contexte sacré, je m’interroge sur le respect de l’objet et de sa symbolique.
Et après ? Une question essentielle
Don Marcelino [1] dit :
« qu’est- ce que les gens cherchent quand ils font des cercles de tambours ? nous les Amérindiens nous ne faisons pas de cercle de tambours »
Cette interrogation invite à réfléchir à l’intention derrière l’expérience :
Est-ce une simple recherche de bien-être ? Ou une démarche spirituelle plus profonde ?
L’usage du tambour sans conscience de sa portée peut réduire un outil sacré à un gadget de relaxation, ce qui soulève des questions éthiques et culturelles.
Alternatives respectueuses
Il existe d’autres moyens de relaxation :
Méditation guidée, respiration consciente, bols tibétains, chant intuitif…
Le tambour chamanique peut être un pont vers soi-même ou vers le sacré, mais tout dépend de l’intention, du cadre, et du respect que l’on y met.
Le tambour traditionnel est bien plus qu’un simple objet sonore, c’est un être vivant symbolique, porteur de mémoire, de lien, et de pouvoir sacré.
Le tambour dans les traditions nord amérindiennes
Il est souvent considéré comme le battement du cœur de la Terre Mère, et ses sons sont vus comme des appels aux esprits ou des prières vibrantes.
Lors des Pow Wow, il est le centre du cercle, sans lequel il n’y aurait ni danse ni chant.
Il accompagne les cérémonies comme la hutte de sudation, les rites de guérison, les hommages aux ancêtres, ou les célébrations du naturel.
Le tambour est respecté et protégé : on ne le pose pas au sol, on ne le prête pas à la légère, car il est animé, porteur d’esprits.
Il n’est pas réservé aux chamanes, mais tout le monde ne peut en posséder un : il faut être appelé, initié, ou avoir une relation particulière avec lui.
Le tambour dans le chamanisme mongol
Le tambour est indispensable au chamane pour voyager dans les mondes invisibles et effectuer des soins.
Il est vu comme une monture spirituelle : le chamane « chevauche » son tambour pour aller à la rencontre des esprits.
Il est vivant : sa peau, son bois, ses motifs sont choisis avec soin, souvent issus d’arbres frappés par la foudre ou d’animaux spécifiques.
Il sert aussi de réceptacle pour les entités invisibles, que le chamane extrait ou libère pendant les rituels.
Une médecine vibratoire et sacrée
C’est une médecine de l’âme, où le tambour agit comme pont entre les mondes, outil de guérison, et guide spirituel.
Il ne s’agit pas de jouer de la musique, mais de dialoguer avec l’invisible, de négocier avec les esprits, et de réharmoniser les énergies.
Une réflexion puissante et essentielle
Je pose là une série de questions qui résonnent profondément avec les enjeux contemporains du rapport au sacré.
Le tambour chamanique, comme je le décris, est bien plus qu’un outil : c’est un compagnon d’âme, un pont vers l’invisible, et sa fabrication est déjà un acte de reliance.
L’intention derrière l’usage hors cérémonie
Quand le tambour est utilisé en dehors de son contexte traditionnel, il est légitime de s’interroger :
Est-ce une quête sincère de connexion ou une fuite déguisée ?
Est-ce un appel du cœur ou une impulsion de l’ego influencée par les tendances du moment ?
Est-ce une recherche de sens ou une consommation spirituelle ?
Ces questions ne visent pas à juger, mais à éveiller la conscience car la relation au tambour commence dès sa création et chaque étape est une initiation.
La fabrication : un acte sacré
Dans les stages que propose Corine Depeyrot [2] c’est une immersion de 3 jours minimum, pour confectionner votre tambour dans le respect des traditions amérindiennes. On y apprend à :
- Choisir la peau en conscience (élan, cerf, bison…)
- Rituel pour honorer l’animal
- Sélectionner le bois porteur d’énergie (frêne, érable…)
« Cette expérience unique vous connecte profondément à la spiritualité et aux traditions ancestrales des Amérindiens. Le tambour devient alors un symbole puissant de votre lien avec la nature et les mondes invisibles. » [3]
Vers une spiritualité incarnée
Mon message invite à une spiritualité authentique, incarnée, respectueuse. Il ne s’agit pas de rejeter les usages modernes, mais de les interroger :
sont-ils alignés avec l’essence du tambour ? Avec notre propre vérité ?
Emeline Delpuech

[1] Don Marcelino, Homme médecine, Homme de connaissance amérindien d’origine péruvienne, extrait de l’interview sur YouTube chaine harmoniepsy.com (rencontre avec Don Marcelino, Homme de connaissance amérindien) .
[2] Corine Depeyrot Chamane en Occitanie
[3] Extrait du site de Corine Depeyrot Chamane, dans la partie « Tambour Chamanique »
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